Le Bon Pain dans la Pandémie

Message à tous les membres, les associé(e)s et les amis de
l’Association des Prêtres du Prado en France.

DEVENIR DU BON PAIN

Mardi 24 mars 2020 : nous voici déjà parvenus à notre deuxième semaine de confinement pour cause de pandémie du « Covid-19 », sans savoir quand prendra fin cette mesure sanitaire …

Cette situation nous rappelle au minimum deux choses essentielles : que nous sommes bien du même monde que tout le monde… ce que, peut-être, nos activités légitimes parfois débordantes, y compris en paroisse, auraient pu nous faire oublier dans les faits. Et que tout est lié, tout est fragile et tout est donné ! Mystère de la Création. Mystère de l’Incarnation. Mystère de la Rédemption.

Une épreuve à traverser avec d’autres

Reconnaissons que cette situation de confinement est une réelle épreuve, qu’il nous faut traverser. En effet, nous vivons toutes et tous une situation totalement inédite, humainement et ecclésialement, au diapason de l’actualité de notre société et de notre planète.

– Nous voici contraints à ne plus « sortir » sans discernement de chez nous, à ne plus nous approcher trop près les uns des autres, ni à nous serrer la main … Comme pradosiens, cela nous fait mal de savoir que les plus isolés, dont beaucoup de personnes âgées, de malades, mais aussi les prisonniers, les personnes migrantes et les sans domicile fixe, vivent une précarité et un sentiment de solitude redoublés. Nous pressentons aussi que cette pandémie sera certainement encore plus terrible dans certaines autres régions du monde, comme en Afrique. Face à tout cela, nous sommes renvoyés à un certain désarroi, une impuissance personnelle et pastorale.

– S’agissant de notre vie ecclésiale, nous sommes également troublés par la perspective de devoir très certainement célébrer les Rameaux, le Jeudi Saint, le Vendredi Saint, la Veillée Pascale et le jour de Pâques dans la plus stricte intimité ou sans une présence significative de l’ensemble du Peuple de Dieu. Même chose pour la Messe Chrismale, qui est devenue ces dernières années un beau temps-fort de nos Eglises, en beaucoup de diocèses. Sans oublier la douleur, que nous partageons avec tant d’autres personnes ou familles en deuil, de ne pas pouvoir célébrer les funérailles de nos frères et sœurs pradosiens ou diocésains, aussi bien que nous le voudrions.

Emprunter de nouvelles manières de vivre en Eglise

Fort heureusement, surgissent ici et là beaucoup de propositions pastorales « alternatives ». Nous expérimentons alors que la vitalité de l’Eglise est encore possible autrement. Certains redécouvrent peut-être que le service pastoral des ministres ordonnés ne peut pas se résumer à l’animation d’une communauté paroissiale à rassembler …
– Comment nourrir l’attachement au Christ et le témoignage de chacun des membres de son Corps vivant, dans une réalité disséminée ?

– Comment manifester la sollicitude du Christ envers tous, y compris les plus éloignés, autrement qu’à travers nos propres projets ou propositions paroissiales ?

– Comment discerner entre baptisés les « signes des temps », ce que ces évènements révèlent de notre finitude, des aberrations engendrées par nos modes de vie contre la maison commune et tous ceux qui la peuplent ?
En cette période, il est bon de nous partager – y compris entre pradosiens – les nouvelles manières de vivre en Eglise que nous mettons en œuvre, comme certains ont commencé à le faire par exemple sur le « prado-news » de WhatsApp …

Invitation pradosienne

Pour autant, n’y aurait-il pas un risque ? Celui de retomber dans un nouvel activisme, pour compenser l’impression de vide ou d’être dépossédés d’un certain « pouvoir d’agir », « pouvoir clérical ». Mais surtout, le risque de ne pas vraiment nous arrêter : pour faire silence et pour tenter de discerner à quelles conversions – sociétales, écologiques, personnelles et ecclésiales – ce temps de « carême mondialisé » nous appelle.

C’est à cela que nous vous invitons tout particulièrement, comme pradosiens.

Sans négliger les initiatives pastorales concrètes pour faire face à cette période inédite, nous vous invitons à la prière et à la méditation, au Cahier de vie, à la relecture, à un travail de compréhension des causes et des conséquences de cette crise sanitaire. Il se pourrait que ce soit là notre premier travail pastoral aujourd’hui, plus que jamais.

Si vous le désirez, nous vous invitons à nous adresser les fruits de votre méditation sous la forme d’un récit ou d’un écrit, qui pourrait éventuellement donner lieu dans quelques temps à un recueil.

Pour vous y aider, voici quelques « portes d’entrée » possibles …

Dans le contexte de cette pandémie, à la lumière de l’évangile :

1- Que m’est-il donné de contempler du travail de l’Esprit chez les personnes et dans le monde qui m’entoure ?
2- Qu’est-ce que « l’Esprit dit aujourd’hui à l’Eglise » et aux chrétiens ? Que m’est-il donné de mieux comprendre concernant la nature et la mission de l’Eglise ?
3- Dans ce contexte particulier, comment m’est-il donné de vivre le ministère ordonné ou la vie consacrée ?
4- Quel travail de « carême » se réalise sous nos yeux dans la société des hommes, qu’il restera à déchiffrer avec des mots et à prolonger par des actes ?

Très unis dans l’espérance de Pâques et dans la fraternité,

Guy ROUGERIE, Dominique NALIS, Philippe BRUNEL, Robert PELOUX.

 

Message à télécharger :  message du 23 mars Prado France

 

 

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